Cohabitation entre le Loutre et les activités piscicoles

Stéphane Raimond (Objectif Loutres/SFEPM) et Rachel Kuhn (SFEPM)

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La Loutre, espèce piscivore, peut prélever des poissons dans les élevages et ainsi, être une source de conflits avec la profession piscicole. Ce sont principalement les élevages en bassins et les petits étangs (moins de 1 ha) qui sont touchés.

Cette problématique était peu connue en France, du moins pour les administrations et les structures de protection de la nature, jusqu’à ce qu’un jeune salmoniculteur installé à Bugeat (19), victime de pertes dues à la Loutre, n’entreprenne des démarches pour trouver des solutions pacifiques. Son exploitation devint une pisciculture expérimentale où différents systèmes de prévention contre la prédation par la Loutre furent testés. L’expérience fut fortement médiatisée, d’autant plus que le pisciculteur, Stéphane Raimond, se prit de passion pour l’animal qui lui avait fait vivre tant de nuits blanches. Il raconta son histoire dans un livre, « A l’affût des loutres », porté ensuite à l’écran dans un documentaire-fiction, le « Banquet des Loutres ».
Le travail mené dans le cadre du PNA pour concilier la préservation de la Loutre avec la pisciculture a débuté par une compilation des informations disponibles sur le sujet en France et surtout à l’étranger où le recul est plus important. Cette synthèse est disponible au lien www.sfepm.org/pdf/Loutres_et_activites_aquacoles.pdf.

Un « animateur Loutre et pisciculture » a été nommé, conformément aux recommandations du PNA Loutre, pour sensibiliser les pisciculteurs et leur apporter une aide technique sur les moyens de prévention de la prédation par la Loutre. Il a également pour mission d’informer les autres acteurs potentiellement concernés (services de l’état, collectivités, naturalistes…) sur la réalité de cette problématique.

Pour cette fonction, la SFEPM a, en accord avec la Fédération Française d’Aquaculture, décidé de faire appel à Stéphane Raimond, en raison de sa propre expérience et de ses bonnes connaissances à la fois des techniques d’élevage piscicole et de la biologie de la Loutre. Cette double compétence est indispensable pour concevoir des systèmes de prévention contre la prédation par la Loutre qui soient efficaces et aussi qui soient adaptés aux méthodes de travail du pisciculteur.
De plus, les exploitants ont face à eux un interlocuteur compréhensif, connaissant le métier et ses difficultés.

De multiples paramètres sont à prendre en compte pour la conception des aménagements anti-prédation : la topographie du site, le type de sol, les facteurs climatiques, l’agencement du site (accès, type d’alimentation et d’évacuation d’eau, types de bassins, surface…), les capacités de la loutre… Le seul moyen de protéger efficacement une exploitation sur le long terme est de mettre en place une clôture adaptée. Il faut protéger les voies d’eau (arrivées et évacuations) par des grilles. Dans l’urgence, des clôtures légères (ursus électrique à mouton, fils ou bandes électriques) temporaires peuvent être mises en place. Il faut protéger prioritairement les géniteurs. Il faut également penser à éliminer d’éventuels tas de branches ou ronciers car ils offrent à la Loutre des gîtes potentiels. D’autres méthodes telles que les chiens, les répulsifs n’ont jusqu’à présent pas fait leurs preuves, du moins pas lorsqu’elles sont utilisées seules et pas sur le long terme. Le recours à des bassins de diversion (dans lesquels sont placés des poissons de faible valeur économique ou impropres à la commercialisation) est à double tranchant, car si cela peut « détourner » des loutres des poissons d’élevage, cela peut aussi contribuer à les attirer sur le site.

L’animateur Loutre et pisciculture s’est rendu sur plus d’une vingtaine de sites, pour lesquels il a conçu des systèmes de protection. Certaines de ces exploitations appartenant à des centres de formation en aquaculture, l’intervention a ainsi également permis de sensibiliser de futurs pisciculteurs.

Aides financières possibles : le coût des aménagements préconisés peut être important et ne peut parfois pas être porté par l’exploitant dans sa totalité. Une subvention couvrant jusqu’à 50 % de l’investissement peut être demandée auprès du FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche). D’autres solutions existent parfois localement et au cas par cas (Natura 2000, collectivités…).

De nombreuses actions de communication ont également été menées en France et à l’étranger (conférences, animations, projections de films). Le sujet a fait l’objet de nombreux articles. Un aménagement mis en place sur la Pisciculture de La Fayolle (11) a fait l’objet d’une inauguration, avec conférence sur la Loutre et projections du « Banquet des Loutres » et de « la Loutre en toute intimité ».

Un dépliant « Loutre et pisciculture, une cohabitation possible » a été réalisé (téléchargeable au lien www.sfepm.org/pdf/Plaquette_Loutre_Pisciculture.pdf).

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