Des Havres de Paix pour la Loutre en Normandie

Olivier Hesnard (CPIE Collines normandes)

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Lors des prospections menées en faveur de la Loutre, les chargés de mission ont souhaité initier une démarche contractuelle à destination des propriétaires de parcelles, pour que ces derniers s’engagent à œuvre en faveur de l’espèce, objet de toutes les attentions.
Initiée en 2013 par le CPIE des Collines normandes, l’opération « les Havres de Paix » est maintenant déclinée dans toute la Normandie et également portée par le Groupe Mammalogique Normand.

Les Havres de Paix en 2016

Le nombre de sites engagés dans la démarche progresse régulièrement chaque année pour atteindre 24 sites à ce jour :

  • 2013 : 1
  • 2014 : 7
  • 2015 : 9
  • 2016 : 7

La répartition de ces sites sur les bassins versants est très inégale, à l’image de la présence de la Loutre et des structures en charge de promouvoir les Havres de Paix :

  • 17 Havre sur le bassin de l’Orne
  • 5 Havre sur la Seulles
  • 1 Havre sur la Vire
  • 1 Havre sur la Dives

La majorité de ces Havres est localisée sur le bassin versant de l’Orne qui est le site de recolonisation historique de l’espèce en Basse Normandie et qui constitue également le territoire d’action principal du CPIE des Collines normandes.

L’engagement du propriétaire

L’engagement est libre et uniquement conclu entre le propriétaire des lieux et l’association indépendamment de toutes démarches environnementales menées par les services de l’État, une collectivité territoriale ou autres.

En s’engageant dans ce dispositif, les signataires bénéficient :

  • de conseils préconisés lors d’une visite sur site : réglementation, mise en contact acteurs locaux…
  • d’informations régulières par mail pour entretenir la relation : animations, soirées cinéma, émission, publication…
  • du prêt ou du don de panneaux (s’il est souhaité), appareil à déclenchement automatique (pour les plus motivés)…

La Nature des sites concernés par les Havres de Paix

  • 19 Havres sont implantés sur des propriétés privées de loisirs,
  • 1 Havre est implanté dans un lycée agricole,
  • 4 Havres sont implantés chez des exploitants agricoles, sur des parcelles en Espace Naturel Sensible (CD14) et des propriétés de la Fédération de pêche du Calvados.

La portée du dispositif

Le dispositif des Havres de Paix n’est en rien réglementaire.
Il est formalisé par un contrat mais même si le contrat constitue la loi des parties « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites " (code civil, art. 1134, al. 1). », c’est avant tout un outil de sensibilisation et de communication qui fait boule de neige et qui permet de sensibiliser le grand public à l’espèce, à ses besoins et au-delà, au respect des habitats naturels et des espèces.
Le succès du dispositif repose naturellement sur la mobilisation des partenaires (ONEMA, SAGE, etc.) qui contribuent à lui donner corps et à faire circuler l’information.
Toutes les démarches de conventionnement n’aboutissent naturellement pas mais permettent de sensibiliser les riverains à une gestion des berges plus respectueuse des espèces présentes et de leurs besoins.

Autant de Havres que de signataires !

Les motivations de la contractualisation ou de la non contractualisation sont diverses
Si certains propriétaires deviennent de véritables ambassadeurs de l’espèce (volonté d’étendre les havres pour constituer un réel réseau) d’autres sont davantage dans la retenue et peuvent se rétracter lors de la visite, estimant à tort ou à raison que le site et les usages sont inadaptés.
Certains prennent également conscience du suraménagement des berges (chemin en berges, ENS, commune…) là ou d’autres utilisent les havres de paix comme prétexte à l’interdiction de la pêche.

Principales difficultés rencontrées 

Des erreurs de communication : mauvaise interprétation de la sur fréquentation…
Les aléas climatiques avec une météo défavorable lors des animations…
La difficulté à mobiliser certaines structures nécessitant une collégialité et des décisions institutionnelles préalables à toute action, d’autres percevant l’initiative comme une forme de concurrence et les dernières ne voyant qu’un Xème label de protection,
La difficulté à mobiliser les signataires, qui reste dans une dynamique très consumériste.

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