Un protocole pour leur valorisation

Rachel Kuhn (SFEPM) et Pascal Fournier (GREGE)

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Le PNA en faveur de la Loutre d’Europe se veut de développer la valorisation de spécimens de loutres découverts mort. Un groupe de travail composé de représentants de diverses structures concernées par la découverte et la valorisation des cadavres (MNHN, ONCFS, chercheurs, associations…) a été créé et s’est réuni à plusieurs reprises. Suite à ces rencontres, un des membres, Pascal Fournier (GREGE) a rédigé un protocole basé sur les principes sur lesquels le groupe s’est accordé (téléchargeable au lienwww.sfepm.org/pdf/Protocole_PNALoutre_cadavres).

Ce protocole se décline en plusieurs niveaux.

Le niveau 1 s’applique à toutes les loutres trouvées mortes. Son objectif est de constituer une base de données nationale précise des découvertes de cadavres de Loutre validés (pour notamment recenser les points noirs de collision) et une banque de prélèvements génétiques. Il est demandé, pour chaque cadavre, de recueillir un certain nombre d’informations (lieu, circonstances de la découverte…) ainsi que de prélever un morceau de tissu (oreille ou autre) pour constituer une banque de prélèvements en vue de futures études génétiques.

Le niveau 2 consiste à réaliser des autopsies déterminant la cause directe de la mort, ainsi que des prélèvements biologiques et sanitaires. L’objectif est de confirmer ou déterminer la cause directe de mortalité, de suivre le statut reproducteur des femelles et de réaliser des prélèvements sanitaires permettant le suivi des risques aigus pour les populations (tractus génitaux, dents pour déterminer l’âge, rate, foie, rein, poumon, encéphale pour le suivi de facteurs menaçants). L’autopsie peut être rapide si l’animal est mort sur la route, mais doit être plus minutieuse si la cause de la mort est encore à déterminer. Un échantillonnage de 10 mâles et 20 femelles/département/5 ans est proposé.

Le protocole comprend également un niveau 3 qui consiste à réaliser des prélèvements en vue d’études spécifiques et qui ne sera pas développé ici.

Pour chaque niveau, une fiche à remplir est proposée. Certaines structures utilisent leurs propres formulaires ; ce n’est pas un problème dès lors que les informations demandées au niveau national sont recueillies (informations demandées sous forme de tableur).

Ce protocole est aujourd’hui partiellement mis en œuvre. Pour le niveau 1, une centralisation et une représentation des cas de mortalité sur une carte interactive est en cours (même outil que pour la répartition, voir la présentation La centralisation nationale des données de répartition). Des tissus ont été prélevés, ils rejoindront la future banque de prélèvements qui sera hébergée par le MNHN. Pour le moment, ce matériel est valorisé dans le cadre d’une étude génétique nationale menée par Lise-Marie Pigneur (Université de Namur), Johan Michaux (Université de Liège) et leurs collaborateurs (voir la présentation Étude des processus de recolonisation de la loutre européenne (Lutra lutra) en France à partir de marqueurs génétiques microsatellites). Il rejoindra ensuite le MNHN.

Pour le niveau 2, quelques loutres mortes non pas de collision avec un véhicule ont fait l’objet d’autopsies et d’analyses (dans le cadre du réseau SAGIR, un loutron victime d’empoisonnement a également été autopsié à Océanopolis). Des prélèvements biologiques et sanitaires sont réalisés régulièrement par le GMB (autopsie systématique de chaque loutre morte, voir la présentation Exemple de collecte et valorisation de cadavres de loutres en Bretagne), quelques prélèvements ont également été conservés par l’École vétérinaire de Nantes. Les opportunités de réaliser ce type de prélèvements conservatoires en vue d’une mise à disposition future de la communauté scientifique sont rares pour le moment, en raison d’un manque de moyens et aussi de motivation lorsque la valorisation du matériel dans un futur proche n’est pas garantie. Il est généralement plus facile de mettre en place une collecte de cadavres et de réaliser des autopsies lorsque cela est fait dans le cadre d’une étude spécifique.

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