Cartographie des structures paysagères


CARTOGRAPHIE DES STRUCTURES PAYSAGÈRES

Une approche complémentaire à l’atlas régional des paysages

L’atlas des paysages du Limousin publié en 2005 brosse, à l’échelle des trois départements de la région, une approche tant géographique que paysagère qui demeure insuffisante pour aborder avec pertinence les grands enjeux paysagers liés aux problématiques de l’aménagement contemporain.
Cet atlas, comme l’indiquent ses auteurs « met en valeur les grandes ambiances paysagères qui caractérisent le Limousin et lui donnent des traits spécifiques. Il montre la qualité des paysages et leur état de préservation … / … Les blocs diagrammes montrent l’agencement du relief ; les cartes de délimitation des paysages traduisent de façon synthétique les grands traits d’occupation du sol et la répartition des espaces ouverts (cultures, prairies,…) et des espaces fermés (zones boisées,…) l’opposition entre les paysages d’ombre et de lumière. »

Une approche non plus physionomiste, mais structurelle

« PAYSAGE : désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et / ou humains et de leurs interrelations » (Source - Convention européenne du paysage).

Un paysage ne peut pas être seulement défini par « ce que l’on voit », ou « ce qui peut être décrit selon l’observation que l’on fait ». Il doit être défini aussi par ce qui se « perçoit » ou « ce qui peut se décrire selon l’interprétation que l’on a. »

Dès lors, un paysage doit s’analyser selon deux composantes :

  • Le concret : « ce qui existe » réellement, soit le socle géomorphologique (plaines, vallées, sommets, escarpements…) et sa couverture actuelle (boisements, habitations, ponts…), c’est-à-dire une vision objective du territoire ou du « substrat » paysager.
  • Le perçu : l’interprétation du concret que fait l’observateur, liée à sa culture, son vécu, ses sentiments, ses impressions… C’est, de ce fait, une vision sensible du territoire ou du « substrat » paysager. Subjectivité du regard donc, mais qui est, pour une grande part, commune à une population culturellement homogène (subjectivité collective d’une société).

L’approche structurelle des paysages décrit les constituants « objectifs » en décryptant le système constitué par les différents éléments qui le composent. Elle identifie les différents éléments spatiaux, linéaires ou ponctuels qui caractérisent les territoires et fondent leurs paysages, ainsi que la façon dont ils sont liés et organisés. Elle analyse ensuite la lisibilité de ses éléments et de leur organisation, et la confronte au regard social, c’est-à-dire à la perception des acteurs du territoire et des populations.

L’approche structurelle des territoires permet ainsi d’éviter le piège de l’image figée et stéréotypée des paysages. Elle met l’accent sur les forces qui régissent l’ordonnance des espaces, et de ce fait guide leur perception par les usagers du territoire.

Les structures paysagères, au côté des unités de paysage et des éléments de paysage sont un des piliers du dispositif que la Convention Européenne incite à mettre en œuvre dans le cadre de l’élaboration des Atlas de paysages afin :

  • d’identifier les paysages,
  • de caractériser les paysages,
  • de maîtriser l’évolution des paysages,
  • d’œuvrer à la qualité des paysages.

Les structures paysagères sont au cœur du dispositif d’élaboration des paysages : elles en sont même l’une des principales clefs.

Ainsi, comprendre les mécanismes des structures paysagères, leur propre genèse, leur rôle dans la mise en place du substrat paysager et dans l’appropriation sensible par le public, les représenter, les cartographier revient à identifier et comprendre les paysages de l’intérieur (en deçà des formes).

Les structures paysagères touchent aux fondamentaux des paysages et identifient, au sein des unités de paysages, la charpente, parfois invisible, qui fait et sous-tend les grands traits de caractères et, selon l’échelle, les structures emboîtées identifiant les sites ou les lieux. La notion de structures paysagères définit, en termes de sens (et pas seulement de formes), des espaces, des lignes et des points particulièrement identifiants, signifiants et agissants dans la perception et le sentiment paysager.

Une approche testée localement en préfiguration d’une cartographie régionale

Afin, d’une part de compléter l’approche patrimoniale et physionomiste de l’atlas régional à l’échelle des territoires infra-départementaux ; et d’autre part de mettre à disposition un outil concret et objectif permettant de guider, à l’aune des paysages existants ou à créer, les décisions relatives aux grands projets d’aménagement ou d’équipement contemporains, la DREAL Limousin a souhaité que puissent être identifiées les structures signifiantes, aptes à définir les paysages dans ces territoires.

Sur proposition du paysagiste-conseil de la DREAL, une méthode d’approfondissement des structures (composantes essentielles ou fondatrices), support d’identification et de localisation des enjeux paysagers face aux orientations de développement des territoires, a été testée en grandeur réelle sur la partie corrézienne du Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin. Près de 2000 km² ont étudiés et ont fait l’objet d’une cartographie commentée.

La méthode a été affinée et simplifiée pour pouvoir être reprise aisément par d’autres acteurs et dans d’autres territoires. La forme du rapport a été standardisée afin qu’il soit compréhensible au plus grand nombre tout en reflétant les justifications des choix opérés dans la définition des éléments paysagers.

Cette méthode reste néanmoins perfectible et peut faire l’objet d’adaptations ou de compléments. Notamment, le regard social a peu été pris en compte dans cette étude, mais des compléments ont été apportés par l’équipe technique du Parc.

Par ailleurs, cette méthode peut être déclinée à de plus grandes échelles, tels des zooms pour des projets particuliers sur des territoires plus petits.

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