Démontage d’une barge dans la réserve naturelle nationale de Moëze-Oléron (Charente-Maritime) pour éviter les risques et préserver le patrimoine

Une barge de clapage de sédiments (déversement en mer des produits de dragage) a été abandonnée en 1999 par son propriétaire. Après une divagation en mer, détruisant au passage quelques parcs ostréicoles à Dolus d’Oléron, elle a été remorquée jusqu’au port ostréicole du chenal d’Arceau. La tempête Martin, de fin 1999, l’a de nouveau entraînée dans la lagune de Bellevue, où elle s’est échouée sur des prés salés.

Le procès verbal n’ayant pas connu de suite, la barge est restée là jusqu’à la tempête Xynthia (26 février 2010). Cet événement majeur l’a de nouveau entraînée vers la mer. Elle s’est heureusement échouée sur la flèche sableuse de Bellevue, évitant ainsi son départ vers le large.

Ce secteur de la réserve avait été mis en « réserve intégrale » suite à Xynthia. L’objectif était d’éviter la dégradation du cordon dunaire par le piétinement et de maintenir la quiétude des lieux utilisés à marée haute par des milliers d’oiseaux.
Intrigués par la barge, de nombreux visiteurs pénétraient illégalement dans la réserve intégrale, compromettant son efficacité.

Depuis Xynthia, la barge pivotait au gré des tempêtes, érodant le cordon dunaire jusqu’à provoquer une brèche importante, accentuant ainsi le risque de submersion de l’île lors d’une prochaine tempête.

En janvier 2016, elle se déplaçait à nouveau par un simple coup de vent, confirmant le risque d’un nouveau point d’érosion de la flèche sableuse et un nouveau départ en mer.
Faute de maître, l’État était devenu propriétaire de l’épave. Il devait donc trouver les moyens financiers pour la démolir.

Le Service du Patrimoine Naturel de la DREAL a convaincu la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), gestionnaire de la réserve, de se porter maître d’ouvrage de l’opération de démontage, sur des crédits exceptionnels État obtenus en avril.

La barge vient enfin d’être démolie et recyclée.

Le chantier a été particulièrement délicat, car la sensibilité des lieux (nombreux habitats Natura 2000, espèces protégées, réserve naturelle nationale et site classé) imposait que les moyens de déconstruction soient acheminés par la mer, dans un contexte où celle-ci se retire sur près de 2 km à marée basse. Une barge à faible tirant d’eau acheminée de Bretagne a permis le transport d’une pelle hydraulique de 30 tonnes pour découper les 90 tonnes de la barge. Elle a également permis une évacuation des matériaux par le port ostréicole d’Arceau.

Cette opération a supprimé les risques d’érosion du littoral et de collision en mer. Elle a par ailleurs réhabilité la fonctionnalité de la réserve.

Carte sur les espaces naturels protégés - Réserve naturelle de Moëze-Oléron (17)

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