Stockages d’hydrocarbures et de gaz

Présentation du secteur

Les stockages d’hydrocarbures se concentrent autour du port de La Rochelle et historiquement près de Poitiers.
Les stockages de gaz se répartissent équitablement sur le territoire pour alimenter en gaz de pétrole liquéfié (GPL), butane ou propane les clients de la région Poitou-Charentes.




6 installations SEVESO "haut"

- Antargaz
- Butagaz
- Picoty (2)
- SDLP
- Sigap Ouest







Actions de l’inspection

Risques à la source

Les principales mesures nouvelles mises en œuvre pour améliorer la sécurité au cours de l’année 2008 sont les suivantes :

  • PICOTY (17)
    • mise en place des évents pour éviter le phénomène de pressurisation de bac,
    • mise en place d’un rideau d’eau d’atténuation des flux thermiques en bordure des limites du site au plus proche des habitations,
    • développement d’outils informatiques reliés aux scénarios du POI du site pour le calcul des besoins en eau et en émulseur (fonctionnement normal et en mode dégradé),
    • asservissement des niveaux haut et très haut au “stop pumping” au niveau des postes de déchargement navires,
    • prévention et entretien des bacs (peinture, passerelles,…).
  • PICOTY (86)
    • mise en place des évents pour éviter le phénomène de pressurisation de bac,
    • prévention et entretien des bacs (liaison mise à la terre, travaux divers, etc).
  • SDLP (17)
    • mise en place des évents pour éviter le phénomène de pressurisation de bac,
    • automatisation de la DCI et projet de déplacement en dehors des zones de surpression,
    • contrôle des accès et séparation des zones de chargement des zones de stockages,
    • prévention entretien bacs (peinture, remise à niveau du toit, rebarèmage, etc).
  • RÉMY COINTREAU (16)
    • prévention et entretien de la DCI (entretien système sprinklage, création exutoires de fumées, etc), optimisation du POI sur la base de différents exercices POI avec le SDIS,
    • protection électrique et foudre.
  • JAS HENNESSY (16)
    • amélioration des conditions d’accès au site via un système de badge et de gardiennage,
    • entretien du système DCI,
    • mise en conformité électrique,
    • réalisation du zonage ATEX.
  • BUTAGAZ (17)
    • mise en place de nouveaux postes déchargements camions,
    • mise en place de moyens de détections supplémentaires.

Coup de point sur les cuvettes de rétention, les fonds de bacs et les canalisations

- Rappel du contexte et des objectifs

Cette action nationale qui visait plus particulièrement, pour ce qui concerne les fonds de bacs et les canalisations, les établissements Seveso AS de stockage de liquides inflammables (Picoty, SDLP), a été élargie à la société Stocks Atlantique à La Rochelle (Seveso Seuil Bas), compte tenu de la nature des hydrocarbures stockés et de sa proximité avec les dépôts classés AS précités.

La DRIRE Poitou-Charentes avait déjà anticipé les deux actions relatives à l’état des cuvettes et des fonds de bacs en 2007, suite à l’accident survenu à Ambès (33) début 2007. En effet, la similitude entre ce dépôt de la région Aquitaine et les dépôts pétroliers de la région Poitou-Charentes (âge des installations) avait incité l’inspection des installations classées à s’assurer que ce type d’accident était correctement pris en compte dans la gestion des dépôts.

Engagées en 2007, ces démarches ont donc été complétées en 2008 afin de satisfaire l’ensemble des objectifs attendus dans le cadre de l’action nationale 2008.

Les principales modalités de mise en œuvre de ces actions sont les suivantes :

  • contrôles sur site et documentaire des cuvettes de rétention portant sur l’entretien et quelques points sensibles de conception : dimensionnement, étanchéité de la liaison entre la cuve et sa fondation, liaison de la fondation avec la cuvette de rétention, passage des canalisations dans des merlons ou murets de rétention et vérification de l’encombrement de la cuvette, drains et fermeture par défaut des vannes de vidange, résistance à l’action physique et chimique des fluides qu’elle est sensée retenir ;
  • contrôles de l’état des fonds de bacs d’hydrocarbures (sur les sites ayant des réservoirs verticaux aériens pour lesquels une rupture en fond de bac peut générer des épandages importants, parfois hors des cuvettes de rétention du fait du mouvement dynamique du produit libéré) : mesures d’épaisseur, réalisation des visites décennales, prise en compte du guide de bonnes pratiques de l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP), sur la durée de vie de leurs équipements et leur remplacement en fin de vie des équipements ainsi que sur leurs pratiques de recherche de phénomènes de corrosion dans le bac ;
  • contrôle de l’état des canalisations : programme de suivi, prise en compte du risque de fuites.

- Synthèse des observations issues de cette opération coup de poing

  • cuvettes de rétention : pas d’observations générales. A noter toutefois la mise en demeure d’un exploitant du fait de la présence, au sein d’une même cuvette de rétention, de produits incompatibles (acides forts/ bases fortes ou carburants/comburants) et de l’absence d’aires de dépotage étanches reliées à des rétentions.
  • Fonds de bacs d’hydrocarbures :
    • la corrosion interne, fait l’objet de différentes procédures dont celle de suivi des bacs et celle de rebarèmage décennal ;
    • la procédure de suivi des bacs décrit les différentes étapes d’entretien du réservoir : purge, dégazage, barèmage, mesures d’épaisseur de tôle en fond de bac et de la première virole, entretien, consignes de sécurité ainsi que le suivi des travaux à effectuer ;
    • un suivi spécifique est réalisé bac par bac et comporte les documents de conception, les plans, les éventuels incidents, les rapports de contrôles (épaisseur, suivi de la corrosion, etc) ;
    • dès 2007, l’inspection avait souhaité que la tolérance et le référentiel utilisés pour l’épaisseur de fond des bacs et de la première virole soient précisés dans les rapports de contrôle, en vue notamment d’améliorer le suivi de la réalisation des travaux préconisés en interne ou par des entreprises extérieures. Les exploitants se sont rapprochés depuis des entreprises ayant effectué les mesures pour faire compléter les éléments transmis ;
    • pour ce qui concerne la corrosion externe, même s’il n’y a pas de contrôle réglementaire, les exploitants indiquent que la protection contre la corrosion extérieure est prévenue par la peinture et les contrôles visuels (constat périodique d’absence de dégradation) ;
    • prise en compte de l’accident de Donges dans le retour d’expérience de la société : les exploitants se sont notamment assurés que ce type d’incident pouvait être évité ou tout moins limité au sein des dépôts en vérifiant que :
      • les mesures de maîtrise des risques de prévention et de protection sont appropriées et suffisamment dimensionnées,
      • des procédures dites d’urgence peuvent être rapidement mises en place tant en amont qu’en aval d’un incident similaire,
      • l’ensemble du personnel est bien sensibilisé sur ces point.

- Canalisations

  • des dispositions techniques, encadrées dans des procédures intégrées au système de gestion de la sécurité, permettent de s’assurer du suivi des canalisations de transport. Ces dispositions portent sur la construction des tuyauteries (dimensionnement et choix du matériau selon les conditions de service propres à l’exploitation du dépôt, etc), les systèmes physiques de protection comme la protection cathodique.
  • la maintenance de la protection cathodique est intégrée au SGS.
  • la protection cathodique n’est cependant pas opérationnelle pour toutes les canalisations et pour tous les sites (limitée aux seules canalisations enterrées dans certains cas).
  • des dispositions organisationnelles, basées totalement ou partiellement sur des actions humaines, complètent les dispositions techniques. Elles sont, pour la majorité d’entre elles, également liées à des procédures du SGS. Parmi ces dispositions, peuvent être cités la gestion du creux via la procédure “consigne de déchargement bateau / wagon” ou le suivi des canalisations via les fiches dites “de vie” de ces dernières, par la surveillance journalière et hebdomadaire de celles-ci et les opérations de comptabilité de produit.
  • des améliorations ont été demandées par l’inspection aux exploitants principalement sur le système d’asservissement des niveaux des bacs et l’arrêt des pompes de déchargement.


Phénomènes liés aux dépôts de gaz de pétrole liquéfié (GPL)

- Blève

L’occurrence d’un BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion) est liée à la rupture brutale d’un réservoir de gaz liquéfié, survenant lorsque le réservoir est soumis à une agression thermique ou mécanique. Le phénomène de BLEVE est donc l’effet domino d’un événement précurseur tel que l’impact d’un projectile, l’échauffement par un feu torche impactant, un surremplissage,…

Le BLEVE peut-être défini comme la vaporisation violente à caractère explosif consécutive à la rupture d’un réservoir contenant un liquide à une température significativement supérieure à sa température d’ébullition à la pression atmosphérique.

Tous les stockages de gaz liquéfiés sous pression sont susceptibles d’être le siège d’un BLEVE sauf démonstration probante d’impossibilité physique d’occurrence de ce phénomène. En effet, le BLEVE est dû avant tout à un changement d’état (à caractère explosif) et non à une réaction de combustion.

Les effets d’un BLEVE sur l’environnement se manifestent généralement de trois manières :

  • effets de pression : propagation d’une onde de surpression,
  • effets missiles 1 : projection de fragments à des distances parfois très importantes,
  • effets thermiques : dans le cas d’un BLEVE de gaz liquéfié inflammable, rayonnement de la boule de feu.

- UVCE

Un UVCE (Unconfined Vapour Cloud Explosion) est une explosion de gaz à l’air libre. Dans le cas d’un gaz inflammable, tel que les GPL, cette explosion produit :

  • des effets thermiques,
  • des effets de pression.

Un UVCE comprend généralement les étapes suivantes :

  • rejet dans l’atmosphère d’un GPL, le produit étant en phase gazeuse ou en phase liquide,
  • mélange avec l’oxygène de l’air pour former un volume inflammable,
  • de manière concomitante, dilution et transport du nuage de gaz dont une partie du volume reste inflammable,
  • inflammation de ce nuage,
  • propagation d’un front de flamme des parties inflammables du nuage ; ce front de flamme, associé à l’expansion des gaz brûlés, agit à la manière d’un piston sur les gaz frais environnant et peut être à l’origine de la formation d’une onde de pression aérienne, appelée déflagration, si sa vitesse de propagation est suffisante,
  • enfin, le cas échéant, mélange avec l’air et combustion des parties du nuage qui étaient initialement trop riches en combustible pour être inflammables.

Le vocabulaire distingue, selon les effets produits, l’UVCE du Flash fire ou Feu de nuage. De manière générale, le terme UVCE s’applique lorsque des effets de pression sont observés, alors que le terme Flash fire est réservé aux situations où la combustion du nuage ne produit pas d’effets de pression. Cependant, il s’agit dans les deux cas du même phénomène physique à savoir la combustion d’un mélange gazeux inflammable.

- Jet enflammé

Les installations mettant en œuvre du gaz de pétrole liquéfié peuvent être le siège du phénomène dangereux appelé jet enflammé (ou feu torche). Celui-ci est observé lorsqu’un jet (biphasique ou gazeux) consécutif à une fuite s’enflamme par l’intermédiaire d’une source d’inflammation.

Ce phénomène dangereux est uniquement caractérisé par des effets thermiques.

L’inflammation du jet peut être :

  • immédiate dès la naissance de la fuite, empêchant ainsi toute formation de nuage gazeux,
  • postérieure à la formation d’un nuage gazeux (généré par le rejet lié à la fuite) et à son inflammation (UVCE). Ainsi, l’occurrence du jet enflammé est consécutive à l’UVCE.
Notes et références

1Conformément à la Circulaire DPPR/SEI2/IH-07-0253 du 24 juillet 2007 relative à la prise en compte des effets de projection dans les études de dangers des installations classées puis dans le cadre des Plans de Prévention des Risques Technologiques, les effets de projections ne sont usuellement pas pris en compte dans la détermination de l’aléa dans le cadre des PPRT notamment par manque de données fiables dans la plupart des secteurs d’activité.

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