Présentation

La Vienne est un affluent de la Loire de 372 kilomètres de longueur qui prend sa source dans le massif central sur le plateau des Millevaches au pied du « Signal d’Audouze » à une altitude d’environ 860 mètres.
Elle traverse successivement les départements de la Corrèze, la Haute-Vienne, la Charente et la Vienne pour se jeter dans la Loire à Candes-Saint-Martin dans le département de l’Indre-et-Loire.
Orienté dans une direction sud-est / nord-ouest, le bassin de la Vienne englobe en tout ou partie huit départements, que sont la Corrèze, la Haute-Vienne, la Vienne, la Creuse, la Charente, les Deux Sèvres, l’Indre et l’Indre et Loire, et se trouve à cheval sur deux régions : la Nouvelle-Aquitaine et le Centre-Val de Loire. Le bassin versant de la Vienne peut être divisé en deux sous unités de taille à peu près équivalente, la première où s’écoule la rivière Vienne et la seconde la rivière Creuse, dont la superficie de 9 750 km² est à rapporter aux 21 105 km² de l’ensemble. Sur ces deux cours d’eau principaux viennent se raccorder de nombreux affluents, dont les deux plus importants sont le Clain qui se jette dans la Vienne en amont de la ville de Châtellerault et la Gartempe dont la confluence avec la Creuse se situe à La Roche-Posay.

La géologie du bassin de la Vienne est très variée, mais quelques grands ensembles se dégagent néanmoins. Les zones amont de la Vienne, de la Creuse et de la Gartempe sont des terrains anciens composés de granites, schistes et gneiss, roches imperméables. En se rapprochant de la Loire les terrains sédimentaires argilo-sableux plus perméables du Jurassique dominent puis laissent la place à ceux du Crétacé qui sont composés pour majeure partie de calcaires. Les reliefs où la Vienne, la Creuse et la Gartempe prennent leur source sont modérément élevés. Les pentes des hauts bassins sont assez marquées et les vallées dans lesquelles s’écoulent les trois rivières, encaissées. En sortant des limites des départements de la Haute-Vienne et de la Creuse, les vallées s’élargissent et l’écoulement devient celui de rivières de plaines. Le relief et la géologie conditionnent le mode d’écoulement des eaux et de la formation des crues.

Le climat du bassin de la Vienne est plutôt contrasté, même si dans l’ensemble il peut être qualifié d’océanique. L’influence océanique est altérée par le relief, ce qui a pour conséquence de passer d’un climat de montagne à tendance océanique dans la partie supérieure du bassin à celui d’océanique « sec », au moins l’été, au niveau de la confluence avec la Loire. Les cumuls annuels sont répartis de manière très variable sur le bassin de la Vienne. Sur les contreforts du Massif Central et sur le plateau de Millevaches les précipitations peuvent dépasser 1 500 mm/an. La pluviométrie diminue au fur et à mesure de la progression vers l’aval, pour n’atteindre finalement qu’une moyenne de 600 mm/an au niveau de la confluence avec la Loire. De la même manière, en un point donné, la pluviométrie peut connaître de fortes variations suivant les années. Le rapport des précipitations entre une année dite « sèche » et une année « humide » peut varier du simple au double. A titre d’exemple, la station de Poitiers-Biard montre que si les précipitations de l’année 1953 n’ont pas dépassé les 340 mm/an, celles de l’année 1927 ont en revanche atteint 1039 mm/an, la moyenne se situant autour de 680 à 700 mm/an. Les mois de novembre à janvier sont les plus pluvieux, même si la répartition au cours de l’année est relativement homogène. S’il arrive que certaines précipitations exceptionnelles, dues à des orages localisés, provoquent des crues, les précipitations moyennes sur 24 heures ne sont jamais très élevées, dépassant très rarement 50 mm/24h.

Le découpage en secteurs homogènes permet de délimiter les grandes zones de formation et de propagation des crues, qui permettent d’expliquer leur dynamique. Deux paramètres sont à prendre en compte pour expliquer le régime des crues sur le bassin de la Vienne, le régime des pluies, c’est‑à‑dire l’intensité des précipitations avec leur occurrence dans un laps de temps donné et l’état de sécheresse du sol. La combinaison de ces deux paramètres conditionne la formation et l’importance d’une crue. Les pluies qui ont été à l’origine des crues importantes sur le bassin peuvent être classées selon trois types :
En hiver

  • Une pluie continue, régulièrement répartie sur le bassin sur une durée d’au moins 24 heures
  • Une succession d’averses de quelques heures chacune et généralisées

En été

  • Des corps d’averses dépassant la dizaine d’heures chacun, qui se suivent et traversent le bassin de part en part

La région connaît des régimes de pluies différents selon les saisons et il en va de même pour l’état de sécheresse du sol. Le sol se sature en eau en hiver et s’assèche en été, au point qu’il forme une véritable éponge, notamment sur le plateau de Millevaches et sur le bassin du Clain. Il est alors capable d’absorber de grandes quantités de pluie sans qu’aucune réaction des rivières ne soit visible. Historiquement, les précipitations génératrices de crues importantes, sur tout le bassin de la Vienne, ont été des événements météorologiques étendus, centrés sur la Corrèze et arrosant abondamment au nord le bassin de la Gartempe. Pour qu’une crue se forme, les sols doivent être au préalable saturés en eau, afin que la pluie puisse ruisseler. Une fois le sol saturé, que ce soit l’hiver ou l’été, les crues se forment et se propagent de la même manière. Dès lors, si les fortes pluies sont plus fréquentes en été, c’est en hiver que la plupart des crues importantes se forment. En effet, en été où le sol absorbe de grandes quantités d’eau, il faut non pas un mais plusieurs événements pluvieux importants pour qu’une crue apparaisse. En hiver, des précipitations peu importantes mais prolongées saturent progressivement le sol et les rivières débordent alors pour des quantités de précipitations bien moindres. Cela ne signifie pas pour autant que les crues exceptionnelles ne se produisent qu’en hiver. La probabilité qu’une crue d’importance moyenne se forme en hiver est plus grande, et la crue la plus importante de l’année est généralement située à cette période. Mais pour ce qui concerne les crues vraiment exceptionnelles, celles-ci peuvent avoir lieu aussi bien en hiver qu’en été. En hiver l’événement doit être intense en termes de cumuls horaires et donc rare pour la saison, alors qu’en été il est nécessaire que les événements pluvieux, qui pris isolément sont habituels pour des orages d’été, se succèdent sur quelques jours. Ainsi la crue la plus forte connue à l’aval de la confluence Vienne-Creuse s’est produite au mois de juillet 1792 et sur la Gartempe la crue de juillet 1927 est restée une des plus importantes connues. Les crues du Clain, où les Plus Hautes Eaux Connues (PHEC) se sont produites lors de la crue de décembre 1982, sont caractérisées par une montée lente et continue du niveau d’eau. Les impacts d’une crue sur cette rivière sont donc plus dus à la durée de submersion qu’au passage de l’onde de crue elle-même. La Boivre, affluent du Clain réagit de façon similaire et dans la traversée de Poitiers, une grande partie de la vallée a été remblayée et la Boivre canalisée, passant par endroit en souterrain sous les voies de la SNCF, des rues et des bâtiments. La récente crue de janvier 1995 combinée avec celle du Clain est restée mémorable avec entre autres l’arrêt du trafic SNCF de la liaison Paris-Bordeaux.

Le bassin de la Vienne est parsemé de nombreux ouvrages hydrauliques destinés principalement à la production d’électricité. Le barrage d’Eguzon, sur la Creuse en amont immédiat de la ville d’Argenton-sur-Creuse, est susceptible d’avoir un impact sur la partie aval de ce cours d’eau.

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