Reproduction de la Cigogne noire en Nouvelle-Aquitaine

Contexte
La Cigogne noire niche de façon très exceptionnelle en Nouvelle-Aquitaine. Un seul nid avait été repéré, il y a quelques années, en Haute-Vienne. Cette situation évolue avec 3 nichées attestées cette année, en Haute-Vienne encore, mais aussi pour la première fois en Vienne. Les 9 jeunes à l’envol sur l’ensemble des sites témoignent du succès de la reproduction mais interrogent sur les moyens nécessaires pour pérenniser ces aires de reproduction. La DREAL s’appuie sur la réglementation des espèces protégées pour mobiliser les outils et les acteurs.
Cigogne noire
Cigogne noire | © Karakal — Travail personnel

La Cigogne noire (Ciconia nigra) est considérée comme menacée en France d’après la liste rouge de l’UICN France. Elle peut être observée de passage en France métropolitaine mais sa reproduction y est très rare. C’est principalement en région Bourgogne Franche-Comté et plus généralement dans un quart nord-est que la nidification est observée. L’espèce bénéficie au niveau national d’une protection réglementaire : il est interdit de la tuer, mutiler mais également de détruire ses nids, ses œufs ainsi que dégrader les milieux nécessaires à l’accomplissement de son cycle de vie (sites de reproduction et de repos).

Au niveau local, la DREAL participe à la mise en œuvre de cette réglementation par l’instruction des demandes de dérogations à la protection stricte des espèces, mais aussi par l’information amont pour éviter les infractions.

Assurer la coordination
Le rôle de tête de réseau assuré par la DREAL sur les espèces protégées est justifié par les missions d’instruction. Pour autant, la capacité à réagir aux sollicitations et à organiser les réponses collectives est au cœur de l’effectivité de ce rôle et de la confiance des partenaires.

Ainsi c’est la LPO Limousin, le Conservatoire d‘espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine et le bureau d’étude Emberiza qui ont découvert les nids et informé les services de la DREAL.

Choisir entre l’alerte et la discrétion
La Cigogne noire est une espèce farouche. Elle craint le dérangement. A contrario, si sa quiétude est préservée elle peut nicher plusieurs années sur le même lieu. Sa descendance peut également nicher à proximité une fois la maturité atteinte.

Dès lors qu’aucune menace ne pèse sur les nids, la question de rendre publique la présence de l’espèce se pose tandis que le risque de dérangement s’accroît…

En revanche, si un risque d’atteinte à l’espèce est identifié, il convient de prévenir en amont pour éviter toute interaction néfaste.

En raison de projets éoliens à proximité des nids, cette communication s’impose puisque l’altitude en vol de la Cigogne la rend potentiellement vulnérable à la collision avec les pâles des aérogénérateurs. L’installation de ces infrastructures dans le domaine vital de la Cigogne noire augmenterait le risque de dérangement comme la fragmentation de son territoire.

Informer pour protéger
Dans un premier temps, les propriétaires des terrains sont informés de la nidification de l’espèce. Le respect de la réglementation impose quelques règles de gestion des parcelles : respecter des précautions sur les travaux forestiers, éviter le dérangement en période sensible, limiter certaines activités, etc.

À plus long terme, puisque le nid est susceptible d’être ré-utilisé les années suivantes, des mesures peuvent être adoptées et spécifiées dans des documents de gestion.

Des outils de préservation des habitats naturels de l’espèce peuvent également être mis en œuvre. Parmi ceux à l’étude dans le cas présent, une ORE (Obligation réelle Environnementale), ou un APPB (Arrêté préfectoral de protection de biotope) pourraient être mobilisés.

Les données relatives à la présence de l’espèce sont rendues publiques à travers le SINP (système d’information de l’inventaire du patrimoine naturel). Porteurs de projets, associations de défense de l’environnement, collectivités, particuliers ont accès aux données de présence. La localisation précise des nids peut être volontairement « floutée ». L’information de la présence sur une maille choisie (par exemple sur une surface d’un kilomètre carré) est transmise à cette échelle seulement.

Activer les réseaux, améliorer la connaissance
La mise en garde sur la présence de l’espèce va au-delà des outils de connaissance.

Le réseau des instructeurs (autorisations environnementales, autres autorisations administratives etc.) est informé de la présence de cette espèce très patrimoniale.

À court terme, une collecte et mise à disposition d’informations sur les besoins et recommandations s’organise.

À plus long terme, l’étude locale de cette population permettra de mieux comprendre son fonctionnement et trouver les leviers pour son maintien. Par exemple, pour sa reproduction en Nouvelle-Aquitaine, la Cigogne noire occupe d’ores et déjà des habitats sur lesquels elle n’était pas pressentie.

Cette étude dont le cahier des charges et le financement sont en cours de définition pourrait associer divers acteurs dont le conservatoire d’espaces naturels (CEN NA), la LPO Limousin, le réseau Cigogne noire, la DREAL…

La diversité de ces leviers d’action optimise les chances de voir s’implanter durablement la Cigogne noire dans notre territoire et à travers elle la préservation d’espèces moins emblématiques dont elle partage les écosystèmes.

Retrouvez le périmètre de vigilance dans la carte suivante :

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