Zoom sur le littoral aquitain

La côte sableuse aquitaine

De la Pointe de Grave au nord à la Pointe Saint-Martin au sud, la côte sableuse aquitaine se distingue des autres littoraux français par la présence d’un massif dunaire long de 230 km. Quasiment rectiligne et pour l’essentiel non urbanisée, elle est formée d’un système de plages et de dunes dont les caractéristiques varient du nord au sud.

D’ouest en est, le système côtier aquitain comporte trois milieux étroitement solidaires et formant un ensemble indissociable : l’avant-côte, la plage et la dune littorale. Ils sont interdépendants et très mobiles, ils évoluent en fonction des agents géologiques (héritage des périodes glaciaires récentes, variations du niveau marin…), dynamiques (houle, vent, marée, tempête) et anthropiques (urbanisation…).

Comme pour la majorité des côtes ouvertes, le littoral aquitain est soumis à d’importants transits sédimentaires qui sont de deux types :
- La dérive littorale, essentiellement orienté vers le sud, sous l’action des houles dominantes d’ouest nord-ouest.
- Un transit sédimentaire transversal (perpendiculaire à la plage) dirigé vers le large durant les périodes de forte énergie (houles de tempête) et vers la dune durant les périodes de faible énergie (houles de beau temps).

L’érosion côtière se traduit sur la côte sableuse aquitaine par un recul du trait de côte de l’ordre de 2,5 m/an en Gironde et de 1,7 m/an dans les Landes. Des reculs moyens de l’ordre de 20 et 50 m pourraient survenir respectivement pour les horizons 2025 et 2050. Les risques d’érosion côtière concernent notamment les zones urbaines touristiques et représentent environ 10 % de la côte sableuse. Les risques de submersion marine sont moins prégnants et ne touchent que les zones basses et estuariennes (au niveau des courants landais, de l’estuaire de la Gironde, du bassin d’Arcachon).

La côte rocheuse basque

La Côte basque française s’étend sur près d’une trentaine de kilomètres entre l’estuaire de l’Adour au nord et Hendaye. Elle est remarquable notamment par la diversité de sa géologie et de ses paysages. Le littoral basque est par ailleurs soumis à une pression anthropique et à un développement urbain important, contrariés par les processus érosifs et les instabilités de terrain affectant le trait de côte. La gestion de la frange côtière est ainsi aujourd’hui une problématique essentielle dans le développement du territoire, et elle est à ce titre une des priorités des différents acteurs locaux impliqués.

Les falaises sont instables en raison de la conjonction de nombreux facteurs naturels, réunis en deux grands ensembles plus ou moins prégnants selon les sites :

- les processus marins en pied de falaise qui, par l’action des vagues, entraînent une érosion sous-marine et aérienne
- les processus subaériens ou continentaux (vent, précipitations, infiltrations, météorisation des roches, haloclastie…) qui agissent sur la face de l’escarpement et au sommet de falaise.

L’érosion peut être accentuée par les impacts anthropiques, par exemple :

- En haut de falaise, l’urbanisation
- Sur les pentes de la falaise, l’aménagement des routes perturbe l’équilibre du versant par le jeu des terrassements
- En pied de falaise, l’exploitation des sédiments entraîne un appauvrissement des cordons littoraux naturels qui ont un rôle de protection du pied de la falaise. Tandis que la création d’ouvrages de protection, comme les épis, perturbe les transits littoraux.

De par leur hauteur, les falaises font office de protection naturelle contre certains aléas côtiers dont les submersions marines en particulier. De plus, les matériaux provenant des mouvements de terrain (glissements, éboulements…) servent d’apports sédimentaires pour les plages avoisinantes, permettant éventuellement leur accrétion ou du moins limitant leur érosion. Le rôle de protection naturelle des falaises face aux risques côtiers est donc à préserver autant que possible.

Les récents travaux de l’OCA ont conduit à évaluer qu’en moyenne sur la côte rocheuse basque, le recul chronique du trait de côte est de l’ordre de 0,25 m/an. Sur les seuls secteurs rocheux, les valeurs moyennes de recul total potentiel (recul chronique et recul lié à un évènement majeur) sont de l’ordre de 10 m à échéance 2025 et 27 m à échéance 2050.

Le bassin d’Arcachon

Avec une superficie qui oscille entre 174km² à marée haute et 60 km² à marée basse, le Bassin d’Arcachon représente une large échancrure du littoral aquitain. Son caractère lagunaire abritant une faune et une flore spécifiques, associé à l’occupation humaine, lui confère une grande diversité paysagère : plages et bancs sableux, estrans sablo-vaseux, vaste réseau de chenaux et d’esteys, polders, parcelles ostréicoles.
Par sa mobilité et son altitude relativement basse, le patrimoine naturel et humain du Bassin d’Arcachon est particulièrement exposé aux aléas côtiers tels que l’érosion marine, la submersion marine et la migration dunaire qui représentent une problématique au cœur des préoccupations des acteurs locaux du littoral.

Le littoral de la Charente-Maritime

Le littoral de la Charente-Maritime s’étend sur 419 km de linéaire côtier entre Charron et l’estuaire de la Gironde, comprenant les îles de Ré, Oléron, Aix et Madame. Il est le siège de nombreuses activités économiques telles que la conchyliculture, la pêche ainsi que le tourisme.

Les pourtours des littoraux de la Charente-Maritime sont en perpétuel développement, avec notamment des zones urbanisées qui occupent plus de 20 % des espaces situés à moins de 500 m des côtes. Du fait de sa forte attractivité, le littoral charentais, avec une densité estimée de 104 habitants au km² en 2010, a connu une augmentation de 14 % par rapport à 1999. Il est estimé une nouvelle augmentation de + 24,3 % pour 2040 selon l’INSEE. Cette description traduit l’augmentation des enjeux du milieu littoral.

Les risques associés à la submersion marine peuvent être très importants, comme nous l’a rappelé la tempête Xynthia en 2010 qui a causé un violent épisode de submersion marine entrainant la mort de 47 personnes en Charente-Maritime. Cet évènement a mis en lumière la forte vulnérabilité des côtes basses du département :
50 % de la surface de la bande des 10 km accolés au littoral est située sous le niveau des pleines mers de vives-eaux.

La Charente-Maritime est caractérisée par un littoral très diversifié et vulnérable aux risques littoraux. La forte proportion d’aménagements de défense contre les aléas de submersion et d’érosion souligne bien les forts enjeux présents sur la côte. Dans un contexte de changement climatique influençant les différents facteurs météo-marins, notamment l’augmentation du niveau de la mer et les potentielles modifications du régime des tempêtes (fréquence et intensité), ces aléas seront amenés à s’intensifier. L’anticipation et l’adaptation à ces changements inéluctables sont nécessaires pour continuer à vivre durablement sur le littoral. Cela passera par la reconnaissance et la prise en compte des aléas et des enjeux dans l’aménagement du territoire à travers des décisions de gestion éclairées et concertées avec l’ensemble des acteurs et les citoyens. En parallèle, les efforts de la communauté scientifique devront se poursuivre tant sur l’observation continue des évolutions du littoral que sur la compréhension des mécanismes complexes à l’origine des phénomènes d’érosion et de submersion marine.

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