Séminaire sur le Plan national d’actions en faveur de la Loutre d’Europe - 17 et 18 juin 2016



Compte-rendu du séminaire - Bilan et perspectives
17 et 18 juin 2016 – Limoges (87)
organisé par la DREAL Nouvelle-Aquitaine et la SFEPM

Introduction

Véronique Barthélemy (DREAL Nouvelle-Aquitaine) et Rachel Kuhn (SFEPM)

Le Plan National d’Actions 2010-2015 en faveur de la Loutre d’Europe
Les plans nationaux d’actions constituent, depuis 2004, l’un des outils de la stratégie nationale pour la biodiversité du ministère en charge de l’écologie visant à assurer le bon état de conservation d’espèces menacées d’extinction. Ils complètent la réglementation relative aux espèces protégées, grâce à la mise en œuvre d’actions spécifiques, souvent volontaires, qui visent à organiser un suivi cohérent de leurs populations, à mettre en œuvre des actions coordonnées favorables à la restauration de ces espèces et/ou de leurs habitats, à informer les acteurs concernés et le public et à faciliter l’intégration de la protection des espèces dans les activités humaines et les politiques publiques.

La Loutre d’Europe a bénéficié d’un Plan National d’Actions de 2010 à juillet 2016 (le plan ayant été prolongé de 6 mois). La Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM) a rédigé ce plan en 2009 et en a assuré l’animation sous le pilotage de la DREAL coordinatrice, la DREAL Limousin, désormais DREAL Nouvelle-Aquitaine.

Fortement chassée pour sa fourrure et sa viande, détruite en raison de la prédation qu’elle exerce sur les poissons et accusée d’être une concurrente de l’homme, la Loutre a fortement régressé au cours du XXème siècle. L’industrialisation, la croissance démographique, l’agriculture intensive et le développement du réseau routier ont accéléré la disparition de ses populations.

Autrefois présente dans toutes les régions de France métropolitaine (Corse exclue), la Loutre a ainsi pratiquement disparu de notre pays, jusqu’à l’interdiction de sa chasse (en 1972) et sa protection réglementaire, à partir de 1981.

Son statut de protection, la prise de conscience de la nécessité d’améliorer la qualité des milieux, en termes de pollutions et de fragmentation de l’espace, ont permis de freiner le déclin de l’espèce et d’amorcer un mouvement de recolonisation à partir des deux derniers bastions de populations (Massif central et façade atlantique).

Outre l’engagement de l’état français, tant au plan international (Convention sur la Diversité Biologique, directives Natura 2000) que national (stratégie nationale pour la biodiversité), de stopper la perte de biodiversité sur son territoire, plusieurs raisons ont conduit le ministère de l’environnement à mettre en place un PNA en faveur de la Loutre :

  • son statut de menace dans un certain nombre de régions
  • sa position au sommet du réseau trophique, permettant à l’espèce d’être motrice dans la protection des écosystèmes aquatiques
  • son capital sympathie auprès du grand public
  • son image d’espèce emblématique des milieux préservés
  • un état des connaissances disparate sur ses populations
  • une forte hétérogénéité dans l’organisation des réseaux naturalistes régionaux travaillant sur l’espèce
  • une problématique grandissante liée aux impacts de la prédation de la Loutre sur les piscicultures.

Le mouvement de recolonisation amorcé, d’abord timidement dans les années 80 puis de manière plus nette au début des années 2000, est lent et fragile en raison des diverses menaces qui pèsent encore sur l’espèce, de son faible taux de reproduction (1 à 2 petits par an), d’une densité faible des populations (animal individualiste et territorial, occupant des territoires étendus) et de la forte mortalité naturelle.
La durée du PNA, de 5 ans, apparaît comme insuffisante pour le rétablissement d’un état de conservation favorable sur tout le territoire métropolitain. L’espèce est encore absente dans une grande partie du nord et de l’est de la France et le maintien des populations encore parfois fragile dans certaines régions.

Vers un nouveau plan, le PNA de conservation

A la suite de travaux d’évaluation du dispositif PNA actuel et des évolutions législatives récentes, une réforme des PNA a été engagée par le ministère en charge de l’écologie.
Ces plans font l’objet d’un engagement de l’État, récemment renforcé par la Loi 2016-1087 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et du paysage du 8 août 2016. Ils sont codifiés à l’article L.411-3 du code de l’environnement :
« Des plans nationaux d’action opérationnels pour la conservation ou le rétablissement des espèces visées aux articles L. 411-1 et L. 411-2 ainsi que des espèces d’insectes pollinisateurs sont élaborés, par espèce ou par groupe d’espèces, et mis en œuvre sur la base des données des instituts scientifiques compétents et des organisations de protection de l’environnement lorsque la situation biologique de ces espèces le justifie. Pour les espèces endémiques identifiées comme étant " en danger critique " ou " en danger " dans la liste rouge nationale des espèces menacées, établie selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature, ces plans sont élaborés avant le 1er janvier 2020.
Ces plans tiennent compte des exigences économiques, sociales et culturelles ainsi que des impératifs de la défense nationale.
Les informations relatives aux actions prévues par les plans sont diffusées aux publics intéressés ; les informations prescrites leur sont également accessibles pendant toute la durée des plans, dans les secteurs géographiques pertinents.
Un décret précise, en tant que de besoin, les modalités d’application du présent article. »

Le PNA 2010-2015 a permis de mieux connaître l’espèce en France, ainsi que les actions qu’il sera utile de maintenir dans l’avenir pour poursuivre l’amélioration de sa situation biologique.

Un nouveau type de PNA, dit PNA de conservation de la Loutre d’Europe, capitalisera et rendra disponible les actions permettant la conservation de l’espèce à long terme.

Ce document se voudra opérationnel, rendant mobilisables les outils élaborés à l’attention des divers acteurs concernés lors du PNA précédent.
Les actions en faveur de la loutre devront pouvoir continuer à s’inscrire dans un grand nombre de politiques publiques, et en particulier :

  • réglementation sur les espèces protégées
  • politique sur l’eau et les milieux humides
  • aires protégées ou gérées : Natura 2000, Stratégie nationale de Création des Aires Protégées (SCAP), réserves naturelles, parcs naturels régionaux, espaces naturels sensibles…
  • trame verte et bleue.

La cohabitation entre la Loutre et le secteur piscicole, économiquement fragile, demeure un objectif majeur de la politique de protection de cette espèce. L’accompagnement des pisciculteurs devrait logiquement pouvoir être poursuivi.
Ainsi, le PNA de conservation permettra de poursuivre la prise en compte de la Loutre dans un ensemble de politiques sectorielles, en valorisant les actions initiées entre 2010 et 2016.

Un séminaire de restitution du PNA 2010-2015

L’année 2016 a été consacrée au bilan du PNA 2010-2015 et à un début de réflexion sur les actions à mener dans le cadre du futur PNA de conservation.
Il a semblé opportun d’organiser un séminaire national de restitution du premier PNA afin de présenter aux acteurs dont l’activité est en rapport direct ou indirect avec cette espèce, les avancées réalisées en matière de connaissance, de protection et d’intégration de la Loutre dans les activités économiques et sociales, ainsi que les marges de progrès encore nécessaires.

Pendant deux jours, les 17 et 18 juin 2016, une centaine de participants (associations naturalistes, services de l’état, établissements publics, collectivités, gestionnaires et usagers d’espaces naturels, chasseurs, piégeurs, bureaux d’études, experts scientifiques…) ont échangé à Limoges sur le bilan, positif, de ce plan d’actions.

Le programme

Le 17 juin, après les allocutions d’ouverture de M. Jacques Regad, directeur régional adjoint de la DREAL ALPC et de M. Stéphane Aulagnier, ancien président de la SFEPM, les actions phares du plan ont été débattues : elles ont permis d’accompagner la Loutre dans la recolonisation de ses anciens territoires. L’espèce est désormais mieux connue ainsi que les menaces qui pèsent encore sur elle, les actions de sensibilisation et de formation se sont considérablement développées, des études ont été menées et des solutions ont été mises en œuvre pour réduire les mortalités notamment par collisions routières ; la Loutre est mieux prise en compte dans les politiques publiques. Les actions tournées vers une meilleure cohabitation de l’espèce avec les activités aquacoles a également constitué l’un des points forts de ce PNA. Le réseau d’acteurs est mieux structuré, la SFEPM est désormais reconnue pour sa capacité à fédérer et à centraliser l’information. M. Christian Arthur, président de la SFEPM a clôturé cette première journée.

(Cliquer sur les images pour les agrandir)

Crédit photo : © Exposition réalisée par le GMHL - Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin dans le cadre du Plan Régional d’Actions Loutre d’Europe

Présentation de l’outil PNA – Le PNA en faveur de la Loutre d’Europe 2010-2015

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Des actions pour améliorer la connaissance de l’espèce et des menaces

Amélioration du suivi de la répartition de l’espèce

La centralisation nationale des données de répartition

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La formation au suivi de l’espèce – exemple en Provence-Alpes-Côte d’Azur

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Analyse du potentiel d’accueil de la Loutre d’Europe

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La valorisation de la découverte de spécimens de loutres mortes

Un protocole pour leur valorisation

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Le réseau régional de collecte et de valorisation des cadavres de Loutre dans les Pays de la Loire

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Montage d’un réseau pour la collecte de cadavres et la réalisation d’autopsies, exemple de la Bretagne

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Étude des processus de recolonisation de la loutre européenne (Lutra lutra) en France à partir de marqueurs génétiques microsatellites

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Des actions pour une meilleure cohabitation entre la Loutre et les activités humaines

Exemples d’actions pour réduire la mortalité par collisions routières

Expertise d’ouvrages d’art dans les fronts de colonisation en Pays de la Loire

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Exemple de passages busés sous chaussée dans le Marais poitevin -Techniques et coûts

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Exemple de collaboration avec les gestionnaires de routes en Bretagne

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Un nouveau système à moindre coût, le ponton flottant Pascal Fournier (GREGE)

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Cohabitation entre la Loutre et les activités piscicoles

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Opération Havre de Paix pour la Loutre d’Europe

Présentation de l’outil Havre de Paix

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Des Havres de Paix pour la Loutre en Normandie

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Actions diverses du PNA

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Les partenaires du PNA Loutre 2010-2015

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